Sorti tout droit du creuset des œuvres clandestines de Musiques Immédiates, Jettatore, en italien littéralement " le jeteur de sort ", écrit ici le premier chapitre de ses pérégrinations sonores.
Volontairement enregistré en une seule prise, ce premier acte se compose de 15 morceaux, issus d'une improvisation continue, où s'assemblent plusieurs interludes furtifs, des chants venus de nulle part entre plaintes baroques et babillements surnaturels, des balades tantôt feutrées et dissonantes (Le seuil, Biondetta, Corde 2…) tantôt acérées (Corde 1, Astres…) ; le tout inspiré par le paysage hivernal de la campagne creusoise.
Si le post-rock emprunte au rock des segments de sa structure et de ses codes qu'il reproduit de façon désordonnée, irrévérencieuse et obsessionnelle. On peut dire que Jettatore applique d'une manière quelque peu identique cette recette au folk, habillant le squelette rythmique déjà improbable de ses compositions d'imprévisibles séquences musicales produites dans l'instant.
A l'utilisation d'instruments acoustiques aux accordages singuliers, se mêle la hantise des lamentations d'une baratte.
Dans "Ils travaillent, ils inventent" sorte de manifeste de plus de 7 minutes et le petit requiem "Le monde est fini", Jettatore place sa révolte musicale sous le signe du refus d'une civilisation "vandale arrogante" de la nature.
Oreilles de salon s'abstenir !