Musiques Immédiates

Jettatore
"L' horizon de derrière"

 

 

Comme l’Ouroboros, cette figure de serpent mythologique qui se mange la queue, symbole d’éternité - d’aucuns diront d’éternel recommencement - le jeteur de sorts en vient ici à boucler son périple sonore aux sources même de sa genèse. De retour à « La rigole du Diable », ce lieu creusois énigmatique, chargé d’anciennes croyances populaires, Jettatore entreprend un nouveau pèlerinage au milieu des bruyères, dans la froideur discrète d’une nuit du premier de l’an, pour conjurer une bonne fois pour toutes, le mauvais sort. Un certain apaisement se dégage de l’ensemble des compositions comme si le trio s’apprêtait à s’endormir en paix avec lui-même, en paix avec le monde? Le disque s’ouvre sur les ultimes gémissements d’une baratte. Comme par le passé on retrouve des sonorités incertaines d’instruments pris dans des errances musicales improvisées : le clapotis d’un banjo, le glissando des cordes, les échos métalliques d’un harmonica soutiennent la voix chaleureuse de Gregory K. S. C.
Cet « horizon de derrière » ne porte en lui aucune nostalgie, tout au plus une mélancolie régénératrice qui assiste calmement à l’écoulement de cette abstraction que l’on nomme le temps. Ce temps qui passe, finit de toute évidence par avoir un sens aux yeux de ceux qui l’ont expérimenté. Quitter les cercles vicieux, quitter sans amertume « le pays de larme » pour se rouler dans les débris de l’existence et s’endormir enfin sans crainte…

«En silence ils retournèrent à l’endroit d’où ils étaient partis.
Les ampoules avaient beau brûler leurs dérisoires milliers de chandelles,
le véritable éclat ils le laissaient derrière eux »

Théodore Sturgeon in « Les plus qu’humains »

« Il fallait en finir. »
Grégory Korky Samuel C.